Gynécées

Série photographique,

2020

Je pousse la porte translucide de cet endroit, il y a comme un tintement métallique, j’entre à l’intérieur. Des odeurs de vanille et de cannelle flottent autour de moi. Je suis transportée dans cette capsule où trônent une multitude de lotions et d’onguents sur des étagères. De tous les côtés, de larges surfaces irisées en carton réfléchissent la lumière, sur lesquelles se dressent de radieux visages.

Un poste de radio joue une musique soporifique, une quiétude très singulière semble régner ici. La ville abrite de multiples alcôves comme celles-ci où le temps semble suspendu.

Parmi les bougies parfumées, les serviettes en éponge et les bouddhas endormis, des corps se succèdent du matin au soir, un ballet principalement composé de femmes.

Quarente-cinq minutes pour soi, pour confier son corps à autrui et recevoir une attention. Retirer la saleté, tenter la promesse d’une apparence rêvée, les gardiennes de ces Gynécées usent de leurs dons dans un monde où la perception de la chair comme matière meut
indéfiniment depuis des milliers d’années.